lundi 5 septembre 2016

Coucou me revoilà !




Nous avons vu que la clé du bouddhisme pré-normatif et du pyrrhonisme, c’est l’absence d’essence, l’absence d’identité propre (P. anātman). Les choses (G. pragmata) sont in-différentes (G. a-diaphora), im-mésurables (G. a-stathmēta) et in-décidables (G. an-epikrita). Aussi, un bouddhiste ou un pyrrhonien ne dirait pas d’une chose qu'elle n'est pas plus qu'elle n'est pas, ou qu'elle est et n'est pas, ou qu'elle n'est ni n'est pas [tétralemme]. Poser des questions en demandant « qui », « que » et « où » présuppose un sujet, un objet et un lieu qu’il suffit d’identifier. Il est sous-entendu qu’il existe un « qui ». Si l’on pose la question « qui a créé le ciel et la terre ? », on prend pour acquis que le ciel et la terre ont été créés et qu’il reste à identifier qui. Le Bouddha dirait que cette question est mal posée.
« Seigneur, Qui s'approprie ?"
"La question n'est pas correcte" disait le Bienheureux "Je n'ai pas dit "Il s'approprie". Si je disais cela, alors la question "Qui s'approprie" serait correcte. Mais comme je n'ai pas dit cela, la question correcte est "Quelle est la condition de l’appropriation ?" et la réponse correcte est "l'avidité est la condition de l'appropriation, et l'appropriation est la condition du processus du devenir". Tel est l'origine de tout ce monceau de souffrances.

C'est par l'extinction complète, la cessation complète de ces six bases que le contact cesse. Par la cessation du contact, la sensation cesse. Par la cessation de la sensation, l'avidité cesse. Par la cessation de l'avidité, le processus du devenir cesse. Par la cessation du processus du devenir, cesse la naissance. Par la cessation de la naissance, cessent la vieillesse, la maladie, la tristesse, les lamentations, la souffrance, la détresse et le désespoir. Telle est la cessation de tout ce monceau de souffrances
. » (Phagguna Sutta)
Les questions « qui est enchaîné », « qui se libère », « qui connaît » etc. sont mal posées. X est-il « quelqu’un » ou « quelque chose » d’identifiable grâce à une essence ? On peut donner mille noms à X, mais est-ce que ces noms constituent des réponses valides ? Le bouddhiste et le pyrrhonien ne feront pas ce pas. Voir le Discours de l’analyse des éléments (Dhātuvibhaṅga-sutta, Majjhima Nikaya 140). Les religions, qui ont pour rôle de fournir des réponses, ont fait ce pas. Non seulement X est identifié, mais il nous est fourni toute sa généalogie, sa mythologie, ses preuves, sa méthodologie, tout, … Tellement de réponses, glosées et re-glosées, que l’on finit par oublier la question. Ou bien la question est posée rituellement, aussitôt suivie de la réponse. C’est rassurant, les questions ne font plus peur. L’adepte, tel un petit enfant, qui sachant sa mère toute près, peut pendant un moment s’aventurer quelques pas, avant de s’agripper de nouveau à la jambe de sa mère. Ou comme le jeu du coucou pour jouer avec l’absence de la réponse : « Son parent est là, puis disparaît et il est à nouveau là ! Dans le cadre de ce jeu, un petit enfant n'a pas d'inquiétude : il sait que son papa, ou sa maman, va réapparaître d'une seconde à l'autre. »[1]

Quand les religieux vous posent des questions, la réponse n’est jamais loin ! Qui ? Dieu, le Soi, la Conscience… Et la litanie des réponses rassure. Les philosophes, c’est une autre paire de manches !

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[1] Source Internet

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